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roger esteve +
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9 septembre 2009

VOIXéditions richard meier

extrait de l'édition de jungles L'épidermique beauté du monde de roger cosme esteve

de Mireille Calle-Gruber

...Tu ne vois rien tu vois tout avec les yeux du peintre: La vie à la peau viscérale, et la plus qu'humaine la vie ouvrière du tableau, qui quadrille la surface d'une structure à compartiments, comme un patron de tapisserie sur sinopia à petits carreaux, ou comme un quilt-cette toile que faisaient les pionniers découvreurs d'amériques, composition de pièces ajointées. Le hasard y joue des effets de distance et l'activité des couleurs qui propagent les correspondances, des vraies semblances dans le camaïeu des pigments vibratiles.

Tous les tons sont vairs, et les spectres multitude qui étirent des chromatismes non tempérés. L'oeil à l'aplat du tableau traverse mille ans dix mille ans des années-lumière, ouvre les clairières du temps, trouve la première peau du monde, une peau de lait et de tourbe. Croûtes, sang séché regarde regarde les traits enchevêtrés de ces jungles vouent la finitude à l'infini. C'est la création du monde, patience du geste, pour que vienne à l'existence toute existence. les venants et les revenants et les lieux de avènements, et les non-arrivants et les non-événement de leurs formes ineffables. La main du peintre est un sismographe: avec les brosses et pinceaux qu'il a fabriqués, les chevelus, les ébarbés, et les spatules toutes chauves-il y aussi les petites fourches métalliques aux manches raboutés, les polissoirs, les grattoirs à dents à poussières de verre-, avec toutes ses mains d'invention il laboure, il macule, fait des écorchures, cautérise, il scarifie. Sans arrêt.

Et voici q'émerge du magma les fantômes de palmiers aux contours cinétique, gerbes mèches mem

bres roue couronnes étoiles-de mer ou de ciel- ils se contorsionnent, font écho à d'autres cases plus loin où s'expose l'enchevêtrement de corps stylisés en dessins érotique. Motif répété de bacchanales par plages grappes en enfilade: les silhouettes, se chevauchant s'engendrant, esquissent moins des corps que de vecteurs, moins de des tracés que des traces, érections éjaculations jets spermatiques, formes ithyphalliques et dévoreuses, à la manière des graffitis ou de figurines archaïques aux lignes ritualisées. Chaque planche est une ronde d'accouplements, une danse amoureuse et macabre aux postures outrées: l'hiéroglyphe de la nature-vierge de tout regard vierges du regard de la loi, de l'interdit, de la censure...

VOIXéditions richard meier     


       

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